L’association CéSAM devient municipale : pour quoi faire?
Qu’est-ce que le Centre Social?
Le Centre Social d’Aigues-Mortes (CeSAM) organise – organisait – l’ensemble des activités et services à caractère social, éducatif et culturel sur Aigues-Mortes. Et par exemple : le Centre de loisirs, les séjours ados, l’information jeunesse, l’aide aux devoirs, les conférences de l’Université populaire, les ateliers de langue pour adultes, l’alphabétisation, et bien d’autres choses.
C’était une association loi 1901 dont le conseil d’administration était constitué à part égale d’adhérent individuels, de représentants des associations locales, des élus de la municipalité et de représentants des partenaires financiers (CAF, Conseil Général).
Depuis 2008
Lors du changement de majorité municipale en 2008 les nouveaux élus ont vu dans le CeSAM un pôle de résistance : leurs représentants en effet sont minoritaires au conseil d’administration (CA). Ils disposent du collège des élus mais les autres membres locaux de cette instance, il faut le reconnaître, étaient là aussi parce qu’ils entretenaient de bonnes relations avec la précédente majorité.
S’ensuivirent pas mal de coups bas et crocs-en-jambe, dont de graves accusations jamais justifiées de gabegie financière, la présidence est récupérée en 2010 et la séquence achevée par un reprise en main totale aujourd’hui.
Le dernier acte débute un soir fin juin 2011 : le maire et les élus, qui pour la plupart avaient adopté la politique de la chaise vide, débarquent ensemble au CA, exigent la modification de l’ordre du jour et décrètent la municipalisation de l’association devant un CA médusé. La décision sera effective au 1er janvier 2012.
Le pourquoi et le comment
Sur le plan strictement technique et financier cette décision n’est pas aberrante : les partenaires institutionnels qui abondaient le budget du CeSAM dans le cadre d’une structure associative ouverte, se sont peu à peu retirés. La mairie supportait aujourd’hui, directement ou indirectement (locaux, assistance, etc.) plus de 70% du fonctionnement.
75% des centres sociaux sont actuellement en gestion associative mais il est vrai que les difficultés financières, la complexité croissante de la gestion et la professionnalisation de l’action sociale conduisent de plus en plus d’élus à décider la reprise en gestion directe par les collectivités.
Sur la manière c’est tout autre chose : il est difficile d’accepter aujourd’hui ces décisions arbitraires et autoritaires, sans aucune discussion ni négociation. Sont ici en jeu des personnes salariées, inquiètes pour leur statut et leur avenir, des projets qu’elles mènent et qui sont remis en cause, des bénévoles dévoués et désavoués sans raison.
Question de méthode : on aurait pu, par exemple, créer un groupe de travail et proposer au CA de réfléchir sur 2 ou 3 scénarios; puis rencontrer le personnel; réunir enfin la commission municipale concernée pour proposer une délibération au conseil municipal.
Ces mauvaises manières incluent le mensonge quand on adresse aux élus du conseil municipal une note de synthèse ainsi rédigée : «C’est dans ce contexte que le CeSAM a souhaité se rapprocher de la ville».
Les perspectives d’avenir
Sur le plan de l’efficacité, de l’intérêt collectif, cela reste à voir : la gestion associative facilite la participation et la bienveillance de la population, sans arrière-pensées, sans parti pris. L’engagement bénévole ne se justifie pleinement que dans ce cadre, celui d’un objet social partagé par des adhérents qui ont tous voix égale dans la définition du projet. Si c’est un adjoint qui dirige, les choses sont bien différentes. Et ce que l’on gagne en maitrise technique on le perd peut-être en participation citoyenne spontanée et en dynamisme.
On peut citer des noms de bénévoles aujourd’hui qui passent encore des journées, des soirées à accompagner l’animation du CéSAM, avec talent et générosité. On les regrettera demain.
Cela ne signifie pas que l’action du CéSAM ne méritait pas d’être redynamisée : la mairie se devait de s’engager plus avant dans ce projet, au-delà de l’aspect financier. La participation active d’un plus grand nombre d’associations était également souhaitable, l’adhésion à la Fédération des Centres Sociaux pouvait être une perspective, ainsi qu’au réseau national des Universités populaires, etc.
Mais il est à craindre que cette municipalisation vise à faire du Centre Social un service utile au sens ou l’entend le maire mais non les habitants : dans le modèle associatif et participatif auquel on tourne le dos, c’est l’assemblée des usagers-adhérents qui adopte le projet. Ce sera désormais un petit groupe d’élus. S’il a véritablement un projet.
Nos craintes semblent se vérifier : j’apprends par la presse qu’une cérémonie avait lieu le 2 janvier pour officialiser le changement de statut. Et que le maire donne mission à ce nouveau CéSAM de réfléchir «au devenir de la Fête de la St Louis» : aie, c’est mal parti, qu’est-ce que la St Louis vient faire au Centre Social??