Unesco : revenir à la raison et se poser les bonnes questions

L’inscription de la commune au patrimoine mondial de l’Unesco fait partie des éléments de communication politique de la municipalité. On a le droit de prendre cela avec un haussement d’épaule. Mais quand dans le dossier de presse du projet de musée des salins est évoquée «l’inscription prochaine d’Aigues-Mortes au patrimoine mondial» on se dit qu’il est temps de revenir à un peu de raison.

L’inscription sur cette liste prestigieuse relève d’une procédure longue, contraignante et particulièrement exigeante : les années ne se comptent pas dans ce parcours du combattant.

Un des critères essentiels est celui du caractère absolument unique, incomparable du bien. Mais sa valeur, exceptionnelle, ne suffit pas.

Une structure porteuse doit être créée traduisant la volonté de toute la société locale. Le volet scientifique nourri de travaux d’experts doit être solide. Le coût en est également élevé : le bien doit présenter toutes les apparences d’une protection et d’une mise en valeur exemplaires. Il ne saurait être question par exemple de classer la ville tant que des parkings s’étalent aux pieds des remparts.

Alors la première partie de la procédure est accomplie : la France pourrait accepter de mettre le dossier sur une pré-liste. Trente-cinq dossiers français à ce jour patientent dans cette antichambre, parfois depuis plus de 15 ans. La deuxième partie est plus compliquée encore : il s’agit d’enrichir le dossier pour montrer qu’il est meilleur que tous les autres. Chaque pays ne peut présenter que deux sites chaque année. Si la France décide de présenter le dossier la compétition commence, à l’Unesco cette fois-ci.

Et la concurrence planétaire est rude. De l’aveu même de l’Unesco la surreprésentation de la vieille Europe historique demande un «rééquilibrage» en faveur des cultures traditionnelles et des autres continents.

Il ne s’agit pas de dénier à Aigues-Mortes les qualités nécessaires mais de rappeler que l’inscription est un aboutissement, celui d’une longue démarche traduisant une volonté collective, de véritables efforts financiers et une détermination sans faille.

Et enfin se poser la question : à quoi cela sert-il pour une ville déjà très touristique? L’expérience montre que c’est 300 000 visiteurs de plus par an. Aigues-Mortes a-t-elle vraiment besoin de 300 000 visiteurs supplémentaires quand elle gère déjà pas très bien les 1,2 millions d’aujourd’hui? Est-ce que cet afflux nouveau ne présentera pas d’abord une charge et des difficultés supplémentaires?

Cette question n’est pas simplement théorique : plusieurs sites ont tiré un bilan contrasté de leur inscription, devant gérer de lourds problèmes de surfréquentation. Peut-être vaut-il mieux se poser la question avant?

Un commentaire pour “Unesco : revenir à la raison et se poser les bonnes questions”

  1. Cet illusoire classement au patrimoine mondial de l’Unesco est le leurre utilisé depuis le début de sa mandature par Monsieur le Maire pour faire passer les pilules qu’il nous administre. Bien sûr qu’il sait pertinemment que notre Cité n’a actuellement aucune chance. Nîmes, qui a pourtant un dossier solide,n’y est pas encore inscrite.
    Depuis la convention de 1972, le site candidat doit prouver son caractère unique et  » sa valeur universelle exceptionnelle ».
    Il est exact que ce classement génère statistiquement un accroissement de 30% des visiteurs , mais le résultat n’est pas toujours celui escompté. Ainsi Albi, attend toujours les retombées économiques. Les touristes investissent bien la capitale du Tarn mais ne font qu’y passer.
    Alors, la dernière déclaration de Monsieur le Maire à propos de l’éventuel futur musée des Salins, c’est encore du grand n’importe quoi et surtout une nouvelle marque de désolidarisation avec le combat des saliniers. Mais çà, on y est habitué.

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