Passer d’une politique de soins à une politique de santé

Dans le cadre de sa campagne pour les législatives dans notre circonscription Katy Gutot a animé un café citoyen à St Laurent d’Aigouze sur le thème de la santé, auquel je n’ai pu participer. Le compte-rendu qui en est fait sur son site (http://www.katyguyot.fr/) me suggère les réflexions suivantes :

Toutes les questions posées sont essentielles : corriger les inégalités d’accès au soin, développer les maisons de santé, sauver l’hôpital public, etc, tous ces dossiers qui touchent notamment à la  question du coût, c’est-à-dire à la part de la richesse publique que l’on veut consacrer à la santé, sont décisifs.

Mais il est une manière d’appréhender ce sujet qui est restée ignorée. Nous raisonnons de manière binaire : il y a d’un côté la vie ordinaire (en bonne santé) et puis il arrive, par une fatalité inexplicable, que l’on «tombe malade». On passe alors de l’autre côté, dans le monde médical, fait de lieux dédiés, de gens qualifiés, de matière à ingurgiter. Soulignons au passage qu’il s’agit, pour le malade, d’un monde foncièrement anti-démocratique, de soumission à l’autorité, de perte totale d’autonomie.

On a donc séparé, dans notre organisation politique et administrative, de façon à peu près hermétique, tout ce qui relève du soin, la réparation des dégâts si l’on peut dire, de tout ce qui relève de la vie courante, celle où l’on «tombe malade». C’est aussi une frontière mentale.

Les écologistes proposent de passer d’une politique de soins à une politique de santé, et de s’attaquer aux causes, à ce qui nous rend malades. Car toutes les études rappellent cette évidence : c’est nos modes de vie, notre environnement, nos rapports détériorés au monde et aux autres qui sont les causes de nos maladies physiques et psychiques.

L’eau, l’air intérieur et extérieur, le bruit, l’alimentation, la pollution des sols, les champs électromagnétiques, nos comportements et pratiques dans la vie quotidienne et au travail, tout doit être repensé et critiqué. Les implications politiques programmatiques en sont immédiates et concrètes, elles concernent tous les aspects de la décision publique.

Un exemple dans l’actualité concernant l’air intérieur : « Une étude de l’Inserm sur la qualité de l’air intérieur présentée le 29 mars révèle que trois enfants sur dix en moyenne sont exposés à des niveaux des principaux polluants atmosphériques supérieurs aux valeurs guides recommandées par l’OMS et l’Anses (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). […] La pollution de l’air intérieur peut entraîner chez eux des problèmes de santé à court et à long termes tels que « la congestion nasale, des irritations de la peau et des yeux, des réactions allergiques, de l’asthme, des maux de tête, de la fatigue, des vertiges ou encore des nausées », confirment les chercheurs. » (Localtis-info – 29-03-2012)

Il faudrait décliner les multiples implications d’une gestion écologique de l’eau ou de l’air qui touchent à l’ensemble de nos activités et comportements mais je veux insister sur un point : le préalable fondamental est celui d’instaurer une démocratie sanitaire : à travers des formes de participations collectives, des ateliers-santé par exemple à l’échelon local qui existent déjà, la participation des associations de malades et d’usagers, des associations environnementales, des expertises diverses, c’est aux citoyens de prendre en charge l’ensemble de ces questions, de décider, sensibilisés et informés, pour eux et pour tous.

Deux axes notamment : le processus de décision publique (de l’implantation d’une maison médicale aux grands programmes de recherche par exemple) et la prise de décision privée : faire que le patient, autonome, soit à même de faire des choix libres pour son propre corps. Jusqu’à celui de mourir dans la dignité.

 

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