Le courage selon G. Collard (un courrier d’André Genot)

Nous recevons un courrier d’André Genot, de Vauvert, qui réagit aux propos de Gilbert Collard prononcés lors des obsèques du tortionnaire Aussaresses.

M. Collard célèbre « le courage et l’amour de son pays » qui ont conduit le général Aussaresses à pratiquer la torture en Algérie. André Genot rappelle utilement que pour d’autres le courage et l’amour de leur pays les ont conduit à refuser ces pratiques. Ce n’est même que là où il y avait du courage puisque ce refus pouvait conduire à l’indignité ou à la mort. Aussaresses jusqu’à sa mort ne sera que le signe de la lâcheté et de la haine de ce qu’est la France, de ses valeurs et de son histoire.

On a les grands hommes que l’on mérite : voilà les héros de M. Collard et de ses amis, qui s’affichent de plus en plus souvent dans nos rues.

Merci à André pour ce nécessaire rappel.

 

« COLLARD  et  AUSSARESSES

Dans  une  brève  de  l’Humanité  du  11  décembre,  on  lit  que COLLARD  le député  FN  de  la  2  me circonscription  du  GARD  était aux  obsèques  du  général  AUSSARESSES  « le  chef  de  l’escadron  de  la  mort  en  Algérie »

En  2004,  COLLARD  était  l’avocat   d’AUSSARESSES  jugé et  condamné pour  apologie  de  la  torture.

Nous  savions  ici,  en  petite  Camargue,  que  COLLARD  éprouvait  de  la  sympathie  pour  son  client  tortionnaire .  Ne  dit-on  pas  qu’il  le  recevait  dans  sa  propriété  de  VAUVERT ?

A  son  enterrement,  COLLARD  dit   « il  a  accepté  de  faire  le  sale  boulot  et  c’est  beaucoup  plus  honorable  que  de  se  défausser,  je  trouve  ça  courageux…  Il  y  a  des  gens  qui  aiment  leur  pays jusqu’au – delà  du  raisonnable »

Rappelons  à  COLLARD  qu’il  y  a  eu  en  ALGERIE  des hommes  courageux  qui  se  sont  opposés  à  la  torture  sous  toutes  les  formes  parce  qu’ils aimaient  leur  pays.

En  1957  le  général  de  parachutistes  De  BOLLARDIERE   résistant  de  la  première  heure,  soldat  le  plus  décoré  de  la France  libre,  demande  à  être  relevé  de son  commandement en  ALGERIE.

« Je  refuse  la  torture,  au  nom  de  l’effroyable  danger  qu’il  y  aurait  à  perdre  de  vue  les  valeurs  morales  qui,  seules,  ont  fait  jusqu’à  présent  la grandeur  de  notre  civilisation  et  de  notre  armée »  Ces  écrits  du  général  DE  BOLLARDIERE  lui  vaudront  d’être  mis  aux  arrêts.

Dans  la  même  démarche  Paul  TEITGEN  secrétaire général  de  la  préfecture  d’ALGER,  rescapé  du  camp  de  concentration  de  DACHAU,  démissionne  de  son  poste.  Il  n’accepte  pas  que  3024  prisonniers  soient  portés disparus  la plupart  précipités  en  mer  avec  un  lest  de  béton  aux  pieds  sur  ordre  du  général  MASSU  et  du  colonel  BIGEARD.

Bien  plus  tard  MASSU  reconnaitra  que  la  torture  était  une pratique  généralisée  en  ALGERIE  et  en  approuvera  la  condamnation. Il  dira « on  aurait dû  faire autrement »

Le  général  AUSSARESSES  ne  le  fera  pas.  Il  affirmera,  « si  c’était  à  refaire,  je  le  referais »

Dans   un  livre  paru  en  2001,  il  raconte comment  a  été  pendu  un  chef  historique du  FNL  Larbi  M’HIDI  et  le  meurtre  d’un  grand  avocat  Ali  BOUMENJEL.  Il  revendique ses  propres  crimes  ,  avouant  qu’il  a  personnellement  tué  vingt – quatre  prisonniers.

  Numéro  1  du  renseignement,  Il  savait  tout  ce  qui  se  passait  et  il  transmettait  des comptes  rendus aux autorités  sur  un cahier  manifold.

Dans ce  sens  il  était  obligatoirement  informé  de  l’affaire AUDIN.

Maurice  AUDIN  était  un jeune  et  brillant  mathématicien,  membre  du  Parti  Communiste  Algérien.

Arrêté  en  1957  par  les  parachutistes  de  MASSU,  il  allait  mourir  sous  la torture  quelques jours  plus  tard.

Son  corps   ne  sera  jamais  retrouvé.  Depuis  56  ans son  épouse  réclame  la  vérité  mais  sans  succès.  Le  général  AUSSARESSES  ne  répondra  pas  aux  questions posées à  ce sujet  par  Madame  AUDIN  et  Madame  DE  BOLLARDIERE   lors  de  son  procès  .  

AUSSARESSES  sera  par  la  suite  le  pilier  de  « l’école française  de  la  torture »  qui  instruira  les  militaires  tortionnaires  en  Amérique du  Sud.  

Voilà  qui  était  le  général  AUSSARESSES  dont  le  député FN  COLLARD  fait  l’éloge. 

Dis   moi  qui  sont  tes amis,  je te  dirai  qui tu  es.

 

André GENOT

VAUVERT  le  12  12  2013

Livre  de  référence : La  torture  aux  aveux.  Charles  SILVESTRE    Edition  Au  diable  VAUVERT »

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