Cinéma Marcel Pagnol : « Paulette » met le maire au pied du mur

Le texte ci-dessous est diffusé par le collectif GARDAREM LOU PAGNOL qui lutte contre la privatisation programmée du cinéma associatif local.

Depuis près d’un an, le Maire défait ce que les Aigues-Mortais et l’Association Grand Ecran Pour Tous ont construit depuis 24 ans au cinéma Marcel Pagnol : un cinéma associatif à la programmation riche et exemplaire, dont la gestion est équilibrée, et l’évolution technique parfaitement menée. Il veut y mettre fin le 5 septembre.

 Alors que l’Association gère le cinéma en vertu d’une convention de 2001, le Maire fait avaliser par le conseil municipal d’octobre 2012 une convention qui, « pour dynamiser l’image de la Ville », confie le cinéma à la société privée Culturespaces pour qu’elle diffuse de 9h à 19h un film pour les touristes. Préparée par les avocats de Culturespaces, la convention, d’une durée de quinze ans, fait porter l’essentiel des risques d’exploitation à la Ville en contrepartie d’une redevance symbolique et de travaux dont le chiffrage est surévalué et la nécessité douteuse.

L’Association se rend alors compte qu’elle ne pourra plus faire de cinéma l’après-midi! Plus de séances scolaires et jeune public ! Plus de festivals ! Plus de conférences ! Comment pourra-t-elle trouver son équilibre avec si peu de séances ?Manifestement le Maire n’y a pas pensé. Mais non, dit-il, l’Association n’a qu’à s’entendre avec Culturespaces pour obtenir les créneaux nécessaires. Sauf que Culturespaces, en position de force, n’est pas du tout pressée d’engager des discussions. Et le Maire doit se dire qu’en faisant traîner, il épuise les délais de recours.

En février 2013, l’association excédée lance un appel aux Aigues-Mortais pour les informer du blocage. Le 13 mars devant plus de 150 personnes, le Maire justifie le partenariat avec Culturespaces par la nécessité de rendre le cinéma accessible aux handicapés sans coût supplémentaire pour la commune. En réalité cet accès est déjà en partie fonctionnel et pourrait être complété à moindre coût selon les dispositifs prévus par l’Etat. De nombreuses voix s’élèvent pour lui demander, au nom de l’intérêt général, de résilier la convention avec Culturespaces. Il refuse et ne prend aucun engagement vis à vis de l’Association, sauf celui d’organiser des réunions tripartites.

Il faut encore deux mois pour parvenir à arracher les créneaux justes suffisants pour faire tourner le cinéma en 2014. Mais qu’en sera-t-il l’année suivante ? Faudra-t-il un bras de fer chaque année pendant quinze ans ? Qui doit assumer l’entretien s’il y a 20 séances par jour pour les clients de Culturespaces contre une seule pour le public du cinéma ? Aucune garantie n’est donnée à l’Association qui décide de consulter ses adhérents dont l’exaspération grandit.

Le collectif « Gardarem Lou Pagnol » est créé le 23 mai pour défendre le cinéma et sa gestion associative. Le31 mai, 84% des membres de l’AGEPT se prononcent pour l’arrêt des négociations avec Culturespaces et la Mairie.

Le 5 juin le collectif remet une lettre au Maire lui demandant de résilier la convention avec Culturespaces.1000 signatures sont déjà réunies le 10 juin au bas de cette lettre. le 16 juin, ayant collecté 1640 signatures, le Collectif écrit au Maire pour lui demander d’organiser un référendum. (2000 signatures sont atteintes fin juin).

Pourtant le Maire les ignore et refuse l’organisation d’une consultation ; il demande à l’Association de signer une convention bilatérale qui, sans mentionner Culturespaces, ne laisse plus au cinéma que les créneaux concédés par la société privée. Il accentue la pression le 4 juillet en faisant résilier par la majorité municipale la convention de 2001 qui confiait à l’AGEPT la gestion du cinéma. Le 5 juillet il signe la déclaration préalable de travaux déposée par Culturespaces. Les deux actes sont assortis d’un délai de deux mois, jusqu’au 5 septembre. Il déclare la Mairie prête à faire fonctionner directement le cinéma, sans se préoccuper du coût de remplacement de 12 bénévoles.

Les adhérents de l’AGEPT sont à nouveau consultés. Une large majorité rejette la convention imposée de force.

Est-ce la fin de l’Association ? Au cours de l’assemblée générale du 21 août, le Président de l’AGEPT indique préparer le transfert de l’activité et du matériel à la Mairie au 5 septembre et arrêter sa mission à cette date, comme 8 autres administrateurs. La majorité des adhérents vote pour la poursuite de la mission de l’Association. 6 nouveaux administrateurs sont élus. Un recours gracieux est déposé sous la forme d’une lettre au Maire dont copie est transmise au Préfet. Il est demandé au Centre National du Cinéma de sursoir au transfert d’exploitation. Le festival « Ecran Libre », créé et organisé par l’Association, est toujours prévu en novembre. Une assemblée générale est convoquée pour le 12 septembre.

Le Maire est maintenant au pied du mur. Va-t-il continuer à ignorer 24 années de passion, des milliers d’heures de bénévoles, 16 ans de travail pour la projectionniste, plus de 2000 soutiens à l’Association ?

 Va-t-il vraiment saborder la seule salle de spectacle de la commune et son plus bel outil culturel, éducatif et social ?

Le 5 septembre à 21h, en hommage à Bernadette Lafont, le cinéma Marcel Pagnol programme son dernier film, «Paulette». Une belle occasion de se retrouver nombreux et de soutenir l’Association.

Le collectif appelle à une occupation symbolique du cinéma à la fin de la projection afin d’empêcher que l’Association soit dépossédée de son matériel et que le Maire ferme la salle pour les travaux et les besoins de Culturespaces.

Bernadette Lafont ne voudrait sûrement pas que ce soit la dernière séance.

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