L’avenir des salins : du sel et des algues?

Salins de Gruissan : pas si loin d’Aigues-Mortes

Un feuilleton judiciaire se poursuit autour des anciens salins de Gruissan dans lequel le groupe Salins se porte actuellement en Cassation. Gruissan c’est un peu loin d’Aigues-Mortes mais on retrouve les mêmes acteurs et Pierre Lévi à la manœuvre.

Le site est exploité pendant un siècle par la Cie des salins du midi qui cesse toute exploitation il y a quelques années dans le cadre d’une stratégie d’abandon de tous les « petits salins non rentables » (avant sans doute d’abandonner les plus grands salins français « pas assez compétitifs».

Le site, qui appartient à la ville, est sous-loué à la SOMEVAL (Société Méditerranéenne de Valorisation des Lagunes) qui multiplie les initiatives : pêche, aquaculture, huîtres, bioénergies, bioproduits. Elle est libre de faire vivre le site comme bon lui semble à une exception : produire du sel. C’est la clause non salinendi. Une sorte de politique de la terre brûlée : après nous, plus de sel, nous exigeons la destruction de l’outil de production. Cette clause figure sur tous les actes de vente ou de bail signés par Salins : Salin-de-Giraud ou Lairan, c’est fini.

Il s’agit naturellement d’empêcher la concurrence envers les sites toujours actifs, dont celui d’Aigues-Mortes ; mais le problème c’est qu’aujourd’hui ce sont les sites de Tunisie ou d’Espagne que l’on protège en vendant le territoire camarguais.

Il se trouve, et c’est là l’objet du litige, que Salins avait partiellement renoncé à cette clause avant de faire volte-face : pas très fiable la direction.

La culture d’algues, une piste d’avenir parmi d’autres 

L’autre aspect moins polémique mais plus passionnant de cette affaire c’est : que fait la SOMEVAL, outre les quelques dizaines de kg de fleur de sel qui donnent des boutons au groupe Salins ? Elle participe au Projet « Salinalgues » (un des volets du pôle de compétitivité TRIMATEC). Extrait d’un article de Midi Libre (26-07-2011) :

«La filière des microalgues est très dynamique dans le monde, avec près de 1,5 milliard de dollars investis, principalement aux États-Unis. La France se distingue par son excellence scientifique, puisqu’elle figure parmi les premiers déposants de brevets et publications scientifiques.

Les salins de Gruissan accueillent le projet “Salinalgue” qui a été sélectionné pour décrocher des fonds européens. 5 M€ seront investis sur 5 ans.

Objectif : démontrer la faisabilité technico-économique de la filière. Pour cela, la Someval et ses partenaires étudient la culture des micro-algues sur des surfaces allant de 1 500 m² à 10 hectares. Afin, après extraction du produit sec et du principe actif, de les valoriser en bioénergies (biométhane, biodiésel, biogaz) et en bioproduits (colorants, oméga 3, bêta-carotène, protéines pour l’alimentation aquacole).

Les micro-algues ont un énorme avantage environnemental. Elles constituent une matière première renouvelable et abondante. Et sa croissance est rapide. La production à l’hectare est dix fois supérieure à celle des plantes terrestres ! Et toute sa biomasse est valorisable. C’est quasi miraculeux…

À Gruissan, c’est la dunaliella salina, une micro-algue native halophile cultivée en milieu ouvert sur de grandes surfaces en bord de mer, qui est produite. Sa production permettra la revalorisation de salines en perte d’activité, offrant également un maintien de l’écosystème existant.

Le déploiement industriel, prévu progressivement à partir de 2015, sera réalisé sur plusieurs milliers d’hectares. Mais pas sur le site de Gruissan. »

Nous à Aigues-Mortes on a eu l’idée de faire un musée. Il paraît que « pour des raisons politiques et techniques » (L’Usine Nouvelle, février 2012) le projet « Salinalgues » n’a pu se faire à Aigues-Mortes ?… On aimerait en savoir plus.

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