Rio +20 : trop loin de la Camargue

 

Les enjeux du sommet de Rio

François Hollande doit se rendre prochainement à Rio de Janeiro à l’occasion du sommet Rio+20, nom donné au sommet qui se tiendra à Rio 20 ans après le sommet de la Terre de 1992 qui avait imposé le concept de «développement durable» et marqué une prise de conscience mondiale des périls encourus par la planète. Depuis lors les questions environnementales sont entrées en politique c’est-à-dire dans le champ des rapports de forces et négociations internationales. Et les pays émergents de dire : on veut bien tous «sauver la planète» (polluer moins, ménager les ressources…) mais vous, pays occidentaux développés, êtes d’abord responsables de son état actuel : faites les efforts et nous suivrons quand nous en aurons également profité. Et les pays industrialisés de dire : mais c’est le modèle qui est défectueux, si vous voulez imiter notre développement, quoi que nous fassions, nous courrons tous à notre perte.

Rio+20 devrait poser les bases d’une instance de négociation, l’Organisation Mondiale de l’Environnement, et la reconnaissance effective de la dette écologique, celle contractée par 2 siècles d’industrialisation occidentale.

L’autre thème dominant sera celui de «l’économie verte», concept flou derrière lequel on peut aussi bien imaginer une nouvelle vision du rapport productif qu’une vaste opération d’éco-blanchiment planétaire.

«Penser global, agir local»

Rio avait inventé en 1992 l’approche des « agendas 21 » qui décline les grands objectifs à travers des plans d’actions locaux. Nos communes ou communauté de communes peuvent adopter un agenda 21 qui consiste à passer tout projet ou décision au crible d’une grille d’analyse de ses effets sur l’environnement, par exemple : consommation d’eau, d’énergie, impact climatique, empreinte écologique, etc. Il s’agit tout autant d’une méthode, participative, que de la traduction d’une volonté politique. L’Agenda 21 local est par excellence l’outil des collectivités locales pour mettre en œuvre à leur échelle la transition vers un mode de développement durable.

Mais en Camargue gardoise nul ne connaît, alors que pour la seule France 750 démarches d’agenda 21 local étaient engagées au 31/12/2011 (source INSEE). L’action des élus locaux est essentielle pour la construction de la société verte de demain : par leurs choix d’aménagement urbain, de politiques d’efficacité énergétique, de qualité des services publics; par la promotion d’un accès équitable à l’éducation, à la culture, à l’emploi; en veillant à l’accès de tous à l’information et à la participation des citoyens.

Dans un contexte de crise qui éloigne les médias des enjeux du développement durable les élus locaux ont un rôle fondamental à jouer en matière de sensibilisation de la population de leur territoire. Avec la conscience claire qu’aucune avancée ne sera possible sans l’exigence de justice sociale et de progrès démocratique.

Pour un Grenelle local

Et de rappeler à l’occasion l’état accablant de notre environnement : que nous en sommes venu à payer nos pêcheurs au Grau-du-Roi pour qu’ils restent à terre parce que la mer est vide; que les cours d’eau qui s’y jettent comme le Vistre sont des égouts pollués dont la pêche est impropre à la consommation; que l’urbanisation a mangé une grande part de nos terres cultivables; que l’air y est irrespirable dans nos villes certains jours d’été pour cause de pollution à l’ozone; que nos activités sont directement menacées par la montée du niveau de la mer; etc…

Il est étrange de constater combien la gravité croissante des problèmes nous rend de plus en plus passifs. Il n’y a plus personne aujourd’hui, au sein de l’équipe municipale, pour s’occuper d’environnement. L’adjoint a rendu son tablier et n’a pas été remplacé. L’urgence ce n’est pas qu’à Rio, cela commence ici et maintenant. Tout reste donc à faire chez nous. Tout. Espérons d’une prochaine équipe communale et intercommunale où se fera sentir l’influence des écologistes.

Je proposerais alors une sorte de Grenelle local avec des élus, des associations et des acteurs locaux pour poser les bonnes questions et se fixer des objectifs concrets concernant la qualité de l’air et de l’eau, le développement du bio, le bilan carbone, la réduction des déchets, les pistes cyclables, etc., c’est-à-dire la définition d’un projet politique durable pour notre territoire. Des volets particuliers concerneraient la lutte contre le bruit, l’affichage publicitaire, les nuisances électromagnétiques. Une charte paysage y serait discutée ou encore la perspective à terme d’une autosuffisance énergétique. Les idées ne manquent pas. Il reste à permettre l’expression d’une intelligence et d’une volonté collectives.

 

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