L’exposition de l’été au Grau-du-Roi

L’exposition – ou plutôt l’évènement – artistique dont je veux parler est au Grau-du-Roi. Mais d’abord un mot sur le travail remarquable présenté sur les remparts et la tour d’Aigues-Mortes par les Monuments Historiques. Malgré le caractère monumental des images, le jeu de transparences et de gris, les motifs pris sur le site lui-même, le respect scrupuleux du monument font que ces trompe-l’oeil ne nous distraient pas, ne cherchent pas à profiter de ce lieu majestueux mais se mettent à son service. Ces leurres, en représentant comme l’envers du décor, nous donnent à voir une autre réalité, ils rendent plus intense le regard sur l’architecture qu’ils révèlent. Très réussi.

 

 

 

 

 

 

 

Mais je veux mettre en avant une «exposition» moins officielle et académique. «Exposition» n’est pas le mot : il s’agit d’un site investit par des artistes, des grapheurs de Montpellier et d’ailleurs, dont les oeuvres éphémères couvrent les murs de l’ancien sana ou Centre hélio-marin en attente de destruction.

La liberté, l’inventivité, la spontanéité – et le talent tout simplement – de ces créateurs le plus souvent anonymes font de ce lieu déclassé comme un temple de notre modernité : à la fois ruiné mais où repoussent d’étranges fleurs peut-être maléfiques, des visages vaguement inquiétants mangés d’une barbe suggérée, des fresques colorées, des filles issues de motifs géométriques, parfois des bribes de textes ou citations. Ces oeuvres semblent naître de la germination même de l’herbe le long des murs, ou des gravats intérieurs, l’espace nu se repeuple d’ombres et de figures.

Le grand pouvoir d’évocation de ce qui est désaffecté dans notre société de l’utile est ici souligné par des artistes qui habitent ce monde second, toujours en instance de disparition (immeubles fermés, friches industrielles, délaissés urbains…), conscients que ce monde-là retient une plus grande vérité, et qui en jouent.

Le photographe nîmois Philippe Ibars avait dès 2008 repéré ce lieu et proposé l’album photo que l’on peut consulter sur son blog :

http://fontdenimes.midiblogs.com/archive/2010/02/index.html

 

 

 

2 commentaires pour “L’exposition de l’été au Grau-du-Roi”

  1. Bonjour,
    Je suis tombé par hasard sur votre blog et je découvre vos images de graphs que je ne connaissais pas. Je retourne de temps en temps au Boucanet pour faire encore des images, tant que les murs tiennent encore. J’ai fait une vingtaine de tirages ce mois-ci. J’ai dû collecter plus de 200 images (tirées)depuis quatre ans. J’en ai exposé quelques unes à Nîmes l’année dernière, j’aimerais bien les montrer au Grau du Roi, pourquoi pas, c’est après tout de là qu’elles viennent !
    De beaux graphs (à mon goût) ont disparu, certains semblent « intouchables », il doit y avoir une raison, de nouveaux apparaissent, le dessin prend un peu le pas sur les jeux typographiques, nouvelle mode ? lassitude ? Je n’ai pas la culture « street art » pour analyser toutes ces évolutions.
    Bonne journée, cordialement
    P. Ibars

  2. Bonjour,
    Merci pour ce message, et merci pour vos images qui m’ont fait connaître ce site (devant lequel je passe pourtant régulièrement) à travers votre blog avant même de le visiter. Je partage votre sentiment de « déclin », en tout cas c’est celui que j’ai eu en ne retrouvant pas sur place toute la magie que vous aviez su capter la première fois. Mais c’est sans doute, et vous le dites également, que ces lieux paradoxalement sont des espaces changeants d’art vivant, pour lesquels nous n’avons pas toutes les clefs (malgré les portes ouvertes et défoncées-)
    Montrer vos photos à la villa Parry, le lieu d’expo prestigieux du Grau à quelques centaines de mètres en longeant la plage, serait du plus bel effet : chocs culturel et architectural garantis! Si vous avez besoin de mon relai logistique sur place n’hésitez pas.
    Très cordialement

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