Les ravages de la présidentielle

Qui mesurera les dégâts à notre système politique provoqués par cette élection unique en son genre, «la présidentielle à la française», clef de voûte de nos institutions politiques comme on dit?

Il y a des explications historiques sans doute liées à notre approche du «grand homme», au besoin d’incarnation de l’esprit national, etc.

De fait l’hyper-personnalisation, l’emballement du cirque médiatique, la focalisation faite de vénération autour et sur l’individu providentiel et unique est une chose qui me rend positivement malade, et qui met tous les écologistes mal à l’aise. L’électorat le leur rend bien d’ailleurs qui donne aux candidats verts des scores généralement peu glorieux. Parce que les français adorent cette élection qui symbolise pour les écologistes un régime présidentialiste contraire à leurs options parlementaristes.

Pourquoi un Bayrou inexistant entre deux échéances et dont chacun sait que tout le programme se résume à «être élu président de la République» peut frôler les 18% des voix quand les écologistes qui ont apporté à peu près tout ce qui s’est fait de neuf en politique depuis trente ans se retrouvent en 2007 avec les 1,5% de D. Voynet? Pourquoi aujourd’hui, alors que la représentativité des écologistes est en moyenne de 10% à 15% selon les élections Eva Joly s’effondre-t-elle dans les sondages?

Je sais, les querelles internes, l’absence de soutien du parti, l’équation personnelle, des choix contestables de campagne, le souvenir de 2002, la crise, etc. Tout cela est vrai mais est-ce l’essentiel?

Autre exemple : Besancenot et Laguiller faisaient 5% chacun en 2002; Poutou et Arthaud ne font pas 0,5%. Parce que, entre autre, Mélenchon est là, et la folie médiatique, qu’il fustige mais maîtrise et utilise mieux que personne.

Les écologistes connaissent bien cette question puisqu’ils ont eu à choisir entre Hulot et Joly, c’est-à-dire : la pure figure des médias, le populaire animateur de TF1, et l’improbable immigrée norvégienne, femme déjà presque âgée à l’accent prononcé. Quel autre parti que celui des écologistes aurait fait le choix que nous avons fait, que j’ai fait? Mais vous êtes fous, me disait-on, vous êtes tombés sur la tête!

Et puis la perversion du «vote utile» : «A quoi cela sert-il de voter Eva Joly puisque les sondages sont ridicules?» Et bien sûr plus les sondages baissent plus les électeurs fuient. Pourquoi? Je ne sais pas. Un sorte d’instinct grégaire. Car comment ne pas se dire, si on a quelque sensibilité écologiste, que plus le score annoncé est faible plus il est utile et nécessaire de voter pour celle qui porte l’écologie politique? 

Et nous revendiquons notre candidate : oui, une femme, admirable, intelligente, intègre, énergique, originale, qui incarne notre projet et nos valeurs. Elle est certes maladroite sur certains plateaux de télévision mais pour nous ce n’est pas un défaut.

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