Eloge de l’autre ou de soi-même?
Soirée inaugurale hier des animations autour d’une manifestation baptisée «Eloge de l’autre» dont le thème cette année est : «Aigues-Mortes – Territoire d’hospitalité».
Le programme concocté par le Centre social et culturel est intéressant, on sent qu’une équipe s’est dévoué pour convaincre des acteurs locaux de présenter leur savoir, leur savoir-faire. Il le feront avec talent et passion. Que ce soit par l’image, le théâtre, les visites, les conférences, l’occasion de redécouvrir diverses facettes de notre patrimoine et de notre culture se déclinera sans doute avec qualité. C’était déjà le cas hier avec les photos de l’association Regards d’Aigues-Mortes et l’accompagnement musical à Nicolas Lasserre.
Ce qui m’interroge c’est justement cela : il s’agit de notre patrimoine, notre culture, de nous quoi. Où est l’Autre? Où est l’hôte? A titre symbolique mais significatif, toute la soirée d’hier à la salle Nicolas Lasserre était rythmée par un diaporama géant sur «Aigues-Mortes, ses habitants et ses traditions».
On peut aussi prétendre qu’il s’agit d’une invitation à l’autre, l’étranger, auquel nous prétendons donner l’hospitalité, de mieux nous comprendre. On peut dire qu’il faut bien se connaître pour mieux accueillir l’autre. On le peut mais on voit bien que tout ce que cela s’apparente à une pirouette. De fait il est question d’Aigues-Mortes et c’est tout : banquet camarguais, lengo nostre, archives privées, AM secrète, AM insolite, pétanque en famille, l’héritage médiéval, St Louis, etc.
Ce programme, de qualité je le redis, aurait trouvé toute sa place dans le cadre d’une célébration de notre ville, autour de la St Louis par exemple, ou a l’occasion d’une commémoration. Il est nécessaire qu’à certains moments la communauté locale se retrouve pour partager son propre passé et rejouer un peu son «identité». Cela procure un grand plaisir et permet de ranimer certaines solidarités locales. Mais pourquoi faire cela sous le signe de l’hospitalité?
Et à choisir tout de même ce thème pourquoi ne pas avoir mis en perspective les difficultés de cette hospitalité, pourquoi ne pas parlé ici des gens du voyage, des italiens, des maghrébins, de tous les immigrés? Pourquoi ne pas avoir programmé dans ce cadre les récentes présentations sur les indochinois?
Une exception toutefois : la soirée théâtre de la Nouvelle Cigale avec «Le regard de l’homme sombre» qui est une réflexion grave et tragique autour du drame combien actuel de la migration, de l’exil, de l’inhospitalité.